Les postes doivent exploiter leur potentiel d’accès à l’inclusion financière

02.10.2012 - Un milliard de personnes sont bancarisées par le biais du réseau postal, et bien que ce réseau bénéficie du plus grand nombre de points de contact au monde, il est sous-utilisé en matière d’inclusion financière, selon une nouvelle étude présentée par l’Union postale universelle.

Les services postaux offrent un potentiel énorme en termes d'inclusion financière

Selon cette étude, présentée à l’occasion du 25e Congrès postal universel à Doha, seuls 51 opérateurs postaux à l’échelle mondiale proposent aujourd’hui des services financiers basés sur les comptes. Pourtant, avec 660 000 points de contacts, les postes et leurs filiales financières arrivent au deuxième rang après les banques pour leur capacité à contribuer à l’inclusion financière. Le Fonds monétaire international recense 523 000 succursales bancaires et guichets automatiques dans le monde.

En 2010, 51 postes dans le monde détenaient 1,6 milliard de comptes d’épargne et de dépôt. L’UPU estime que le client postal moyen détient 1,5 compte, établissant le nombre de personnes bancarisées par le biais du réseau postal à un milliard. Ce chiffre ne tient pas compte des banques postales.

Par ailleurs, le rapport note que des centaines de millions de personnes utilisent la poste pour envoyer ou recevoir des transferts d’argent ou payer des factures administratives ou liées aux services publics, sans détenir un compte d’épargne postale.

«Le réseau postal présente un potentiel énorme en termes d’inclusion financière», selon Alexandre Berthaud, l’un des auteurs de l’étude. «Si seulement 51 postes proposant des comptes d’épargne sont capables de bancariser un milliard de personnes, les opérateurs postaux des autres pays-membres de l’UPU, notamment ceux à forte population, comme le Nigéria, la Russie, le Mexique, l’Éthiopie et la Colombie, pourraient facilement être une porte d’entrée au monde financier pour au moins 500 millions de personnes non bancarisées.»

Les données donnent un aperçu global sur l’inclusion financière postale. Le rapport identifie cinq principales catégories de modèles d’affaires utilisés par les postes pour fournir des services financiers ainsi que les principaux facteurs dont les postes doivent tenir compte dès lors qu’elles fournissent des services financiers de base ou de niveau intermédiaire ou envisagent la prestation de services financiers sophistiqués. Le rapport propose aux postes des pistes de développement, selon leur situation actuelle dans le domaine.

Le Congrès, autorité suprême de l’UPU, a la semaine dernière adopté une résolution encourageant les pays-membres de l’Union à continuer à développer les services financiers. Il a reconnu leur importance pour réduire la pauvreté, Objectif du Millénaire pour le développement fixé par les Nations Unies, et leur capacité à stimuler la croissance des petites et moyennes entreprises. Pendant les récentes crises économiques, plusieurs postes proposant des services financiers ont vu leur nombre de clients et de nouveaux comptes croître de façon importante.

L’UPU aide ses pays-membres à lancer ou à développer des services financiers durables et inclusifs en offrant de l’assistance technique ou en partageant les meilleures pratiques. Au cours des dernières années, l’institution spécialisée des Nations Unies pour les services postaux a travaillé de près avec bon nombre d’institutions pour rendre les services financiers postaux plus accessibles aux populations les plus désavantagées.

Presque 12% des recettes postales mondiales de 304 milliards de dollars proviennent des services financiers postaux, selon les statistiques de l’UPU pour 2011. Dans certains pays, comme la Chine, l’Inde, le Gabon, la Tunisie, le Bangladesh, l’Italie, l’Azerbaïdjan, le Belarus et le Burundi, les services financiers postaux comptent pour plus de 50% du chiffre d’affaires de la poste.

Vu la baisse générale des volumes de la poste aux lettres, les services financiers proposent de nouvelles opportunités de croissance pour les postes et ce secteur d’activité gagne du terrain au moment où les postes diversifient leurs activités.

Le rapport de l’UPU indique que les postes restent un secret bien gardé pour l’avancement de l’inclusion financière. Effectivement, les données montrent que les postes «sont un levier essentiel pouvant mener à l’inclusion de populations non bancarisées dans le système financier formel.»

Le modèle d’affaires traditionnel des opérateurs postaux, axé sur de grands volumes et des coûts peu élevés, combiné à son obligation de service universel, fait du réseau postal mondial un partenaire non négligeable dans la lutte contre l’exclusion financière, conclut le rapport.

Les données du rapport se basent sur les réponses de 123 pays-membres de l’UPU à un questionnaire et sur les missions effectuées sur le terrain par des experts.

Modèles

Les postes ont recours à cinq différentes familles de modèles d’affaires pour favoriser l’inclusion financière, selon le rapport. A la base, elles peuvent agir comme des fournisseurs de liquidités pour les prestataires de services publics et de services financiers, modèle présent dans 85% des pays interrogés, ou à l’autre extrémité, disposer d’une licence bancaire pour proposer des services financiers postaux au travers d’une véritable banque postale, modèle existant dans seulement 10% des pays considérés par l’étude.

Les postes qui se lancent dans la prestation de services financiers commencent normalement par le modèle de base avant d’avancer progressivement vers des modèles plus complexes. Le rapport met en garde les postes contre le risque d’adopter un modèle trop sophistiqué dès le départ, comme lancer une banque postale sans aucune expérience préalable dans le domaine des services financiers, ce qui pourrait aboutir à un échec et causer des troubles politiques, surtout si l’épargne est concernée.

Le succès d’une poste à mettre en place des services financiers dépend d’une dizaine de facteurs clés, y compris la connectivité, la capacité financière, l’automatisation, la confiance et l’existence d’un cadre juridique et réglementaire, entre autres.

En donnant un poids aux trois principaux facteurs clés de succès, soit la capacité, l’automatisation et le cadre juridique et réglementaire, les chercheurs de l’UPU ont élaboré un indice général de succès et accordé un rang aux pays évalués. Selon cet indice, le Maroc arrive au premier rang des pays en développement présentant le potentiel le plus élevé en termes de capacité à développer l’inclusion financière, suivi de la Serbie, du Bélarus, de la Malaisie, de l’Indonésie, de la Tunisie, du Kazakhstan, du Brésil, de la Chine et de la Namibie, pour ce qui est de la liste des dix premiers.

Communiqué de presse, Universal Postal Congress
 

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